Traduit de l’anglais par le Dr. Anne Badrichani Les grandes prouesses des sciences de la santé ont permis d’augmenter la longévité, de diminuer la mortalité néonatale ou encore de réduire voir même d’éliminer de manière significative l’impact des maladies infectieuses. Parallèlement les maladies chroniques non transmissibles (MNT; le diabète de type II et les pathologies associées, l’hypertension, les maladies coronariennes/cardiopathies et les crises cardiaques) sont devenues une des causes les plus importantes de mortalité dans le monde. Les MNT, particulièrement le diabète, et son lien avec la santé du cerveau n’est pas souvent associé par les personnes. Pourtant, c’est le dénominateur commun de nombreuses maladies qui peuvent entraîner des séquelles à long terme et irréversibles sur le cerveau et modifier à jamais ses capacités cognitives. Le cerveau, bien qu’il soit un organe soigneusement ajusté, est très sensible à la quantité de sucre, ou de glucose, qu’il reçoit comme carburant. Qu’il s’agisse de personnes atteintes de diabète de type 1 (DT1) ou de type 2 (DT2), des taux élevés de sucre sanguin dans le cas d’un diabète non contrôlé ainsi que les taux faibles associés dans certains cas au traitement ont une incidence sur la santé du cerveau.
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En effet, de nombreuses études ont montré des pertes légères à modérées de la fonction cognitive chez les patients atteints de diabète de type 1 et 21,2,3,4,5,6. De plus, le DT2 a également été associé à un risque accru de démence de 50 %5. Le mode d’action dans ce context est que le diabète augmente le risque de dommages aux vaisseaux sanguins au fil du temps, y compris les petits vaisseaux sanguins du cerveau. Au cours des années, l’accumulation des dommages sur les petits vaisseaux sanguins du cerveau entraîne des dommages à la matière blanche du cerveau. La matière blanche est la structure du cerveau que je décris à mes patients comme des grandes autoroutes du cerveau. Elles interconnectent les zones du cerveau, leur permettant de se parler en s’envoyant des messages. Lorsque celles-ci sont endommagées, le cerveau trouve de plus en plus difficile de maintenir la communication entre zones. Si nous imaginons chaque vaisseau sanguin endommagé comme un accident de la circulation sur la “route de la matière blanche”, nous pouvons à juste titre en conclure que les messages envoyés depuis la partie A prendront plus de temps pour arriver à la partie B. Fonctionnellement, dans notre vie quotidienne, cette obstruction dans l’intercommunication cérébrale se traduit par des capacités de pensée plus lentes, des troubles de l’attention, des problèmes de concentration soutenue et une capacité limitée à utiliser la mémoire de travail. Cette dernière est ce que les gens peuvent appeler la mémoire à court terme, et ce qui nous permet de retenir une information limitée durant une courte durée pendant que nous décidons de ce qu’il faut en faire et comment la traiter. En raison de ces modifications dans les capacités de réflexion, les gens semblent trouver plus difficile l’assimilation de nouvelles informations lors de conversation, de récupérer les bonnes informations en temps voulu, et ont souvent besoin d’aides mémoires pour se remémorer les choses.
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L’ensemble de syndromes cognitifs décrite ci-dessus est couramment observé dans la perte cognitive7 associée au diabète et dans ses stades modérés souvent qualifiée de trouble cognitif léger d’origine vasculaire (MCI). Si rien n’est fait pour gérer le diabète, les pathologies comme l’hypertension, le cholestérol élevé et l’obésité vont se développer ce qui va aggraver a leur tour le risque de maladies cardiovasculaires et cérébrovasculaires. À long terme, cela peut faire évoluer trouble cognitif léger d’origine vasculaire vers la démence vasculaire et/ou la maladie d’Alzheimer8 et augmenter la probabilité d’un accident vasculaire cérébral (AVC). La Global Foundation for Community Health (GFCH) et sa vision révolutionnaire 5-2035 a pour objectif de réduire de façon significative le diabète par le renforcement communautaire et l’innovation frugale. Avec son approche prospective pour revisiter la gestion du diabète dans les communautés locales, GFCH permet l’accès au traitement et l’éducation des problematiques liees aux MNT pour tous. Avec son plaidoyer pour ces concepts fondamentaux, le GFCH vise à promouvoir de meilleures habitudes pour la santé avec comme objectif principal; de réduire les complications liées aux MNT, comme réduire le risque du trouble cognitif léger et de démence. Réunissons-nous en tant que patriotes et réduisons le diabète grâce à la Vision 5-2035 afin d’en faire un modèle pour le monde! Références 1. Brands AM, Biessels GJ, de Haan EH, Kappelle LJ, Kessels RP. The effects of type 1 diabetes on cognitive performance: a meta-analysis. Diabetes Care. 2005 Mar; 28(3):726-35. 2. Gaudieri PA, Chen R, Greer TF, Holmes CS. Cognitive function in children with type 1 diabetes: a meta-analysis. Diabetes Care. 2008 Sep; 31(9):1892-7. 3. Arbelaez AM, Semenkovich K, Hershey T. Glycemic extremes in youth with T1DM: the structural and functional integrity of the developing brain. Pediatr Diabetes. 2013 Dec; 14(8):541-53. 4. Palta P, Schneider AL, Biessels GJ, Touradji P, Hill-Briggs F. Magnitude of cognitive dysfunction in adults with type 2 diabetes: a meta-analysis of six cognitive domains and the most frequently reported neuropsychological tests within domains. J Int Neuropsychol Soc. 2014 Mar; 20(3):278-91. 5. Biessels GJ, Staekenborg S, Brunner E, Brayne C, Scheltens P. Risk of dementia in diabetes mellitus: a systematic review. Lancet Neurol. 2006 Jan; 5(1):64-74. 6. van den Berg E, Kloppenborg RP, Kessels RP, Kappelle LJ, Biessels GJ. Type 2 diabetes mellitus, hypertension, dyslipidemia and obesity: A systematic comparison of their impact on cognition. Biochim Biophys Acta. 2009 May; 1792(5):470-81. 7. Mijnhout GS, Scheltens P, Diamant M, Biessels GJ, Wessels AM, Simsek S, Snoek FJ, Heine RJ. Diabetic encephalopathy: A concept in need of a definition. Diabetologia. 2006 Jun; 49(6):1447-8. 8. Moheet A, Mangia S, Seaquist ER. Impact of diabetes on cognitive function and brain structure. Ann N Y Acad Sci. 2015 Sep;1353:60-71. Click here for the English Version of this article
Traduit de l’anglais par le Dr. Anne Badrichani Dr. Anne Badrichani est une immunologiste possédant une expertise en santé publique et en recherche. Elle a travaillé au renforcement des systèmes de santé dans plus de 30 pays avec différentes parties prenantes telles que l’OMS, l’Institut Pasteur, la Fondation Clinton et l’Union européenne. Son principal intérêt est de permettre au patient d’accéder aux soins dans n’importe quel type de condition et de mobiliser la communauté pour comprendre sa propre santé et son traitement.